Trop de médecins en France ?

Alors que le pays est en lutte contre les déserts médicaux, le conseil national de l’ordre des médecins, lui, craint une surpopulation aux environs de 2020

Les diplômés à l’étranger inverseraient la tendance

C’est à l’occasion d’une interview accordée au site Internet d’information médicale Egora que le docteur Patrick Bouet (président du conseil national de l’ordre des médecins) a déclaré que les médecins formés à l’étranger risquaient d’inverser la tendance. Il affirme ainsi que, jusqu’en 2020, « la déperdition de médecins liée à la pyramide d’âge restera relativement importante », mais ajoute que « vers les années 2020, un effet ciseau devrait commencer à se mettre en place ».

Plus précisément, il faut savoir qu’en France, le nombre d’étudiant inscrit en médecine est limité. C’est ce qu’on appelle le « Numerus Clausus« , et il augmente de plus en plus chaque année, justement pour pouvoir palier les départs à la retraite. La France compte aujourd’hui 25.000 médecins âgés de 60 à 65 ans et près de 10.000 âgés de plus de 65 ans. Le nombre de départs à la retraite s’élève à environ 6.000 médecins par an, dont la moitié sont des généralistes.

Pourtant, les jeunes sont toujours plus nombreux à vouloir intégrer un emploi en médecine et pour contourner le numerus clausus ou l’interdiction de re-postuler après un échec en première année, beaucoup d’entre eux partent donc à l’étranger pour pouvoir se former.

Ainsi, tandis que le numerus clausus continuera d’augmenter en France, les retours sur le marché de l’emploi de jeunes médecins français formés en Europe ou de médecins à diplômes étrangers vont donc monter en flèche, jusqu’à dépasser les besoins de renouvellement. Du moins, c’est ainsi que le président de l’Ordre le présente.

Des doutes sur ces prévisions

Toutefois , de nombreux autres professionnels du domaine apportent des éléments pouvant contraster cet avis.

D’abord, le ministère de la santé tient à rappeler que la suppression des quotas est loin d’être à l’ordre du jour, et que l’augmentation du numerus clausus en France ne saurait exploser. Il précise également qu’ aucun quotas européen n’est envisagé pour les années à venir.

Ensuite, le président de MG France doute de l’installation de ces nouveaux diplômés en France, les chiffres étant plutôt pessimistes sur ce point : en médecine comme dans les autres filières, les jeunes sont de plus en plus nombreux à quitter le pays pour des régions plus attractives comme le Canada, l’Australie ou les Etats-Unis.

Quant à Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), il prévient «Les futurs médecins ne travailleront plus 70 heures par semaine, ni même 53 heures (ndla : la moyenne actuelle). Ils voudront mieux concilier vie professionnelle et personnelle, ce qui est tout à fait légitime.». Sous entendu : le nombre réel de médecins à remplacer serait en fait doublé, deux médecins faisant alors le travail que fait un seul à l’heure actuelle.